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Maison Manili

Quelques lieux près de l’ancienne Piazza Giudea située dans le quartier désigné comme ghetto, en réalité juste en face du ghetto historique, avec la Tour des Santacroce et Santa Maria in Publicolis dans la via in Publicolis, les palais de la Piazza Costaguti, le petit Temple du Carmel et le Palais Manili qui était situé sur la disparue Piazza Giudea.

Palais Manili et Piazza Giudea

Devant le Palais Manili (ou Casa di Lorenzo Manilio), se trouve une marque au sol qui correspond à l’ancien emplacement de la fontaine (désormais Piazza delle Cinque Scole) au centre de la disparue Piazza Giudea (Place de Judée).

Au début de la Via del Portico di Ottavia, le Palais Manili est au cœur du quartier, auparavant en face de l’ancien ghetto. Il fut construit par Lorenzo Manilio en 1468 en réunissant trois édifices, le décorant d’un style antique. Sur les fenêtre est gravée la devise « AVE ROMA ».
Une grande bande de marbre traverse la façade avec une inscription en latin qui peut se traduire ainsi : « Alors que Rome renaît à son ancienne splendeur, Lorenzo Manilio, en signe d’amour pour sa ville, bâtit sur la Piazza Giudea, en proportion de ses modestes possibilités, cette maison qui de son nom de famille prend l’appellation de Manliana, pour lui-même et ses descendants, en l’an 2221 de la fondation de Rome, à l’âge de 50 ans, 3 mois et 2 jours; il fonda la maison le onzième jour avant les calendes d’août ».
On voit des éléments antiques contre l’édifice, dont une stèle funéraire, probablement issue de la Via Appia, qui représenterait selon l’inscription au dessus l’enfant Hilaire pleuré par les parents Publius et Curiatia, des affranchis travailleurs d’ivoire. Sont aussi incrustés une stèle en grec qui représente une biche avec son faon, et un fragment de sarcophage romain avec un lion attaquant une antilope.

Temple du Carmel

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Temple du Carmel

Ce petit Tempietto del Carmelo (Temple du Carmel), ou Chapelle Santa Maria del Carmine e del Monte Libano, s’appuie sur la Casa de Lorenzo Manilio, construit en 1759 par une famille d’épiciers pour y abriter l’image de Sainte Marie du Carmel, auparavant placée dans une niche.
De plan hémisphérique, il est composé de six colonnes doriques et de deux demi-colonnes qui soutiennent un petit dôme, et fermé de grilles.
C’était un des sites devant lesquels se tenaient les sermons imposés aux juifs du ghetto voisin.
Malgré des restaurations, il fut très délabré à la fin du XIXe siècle, et des cordonniers y installèrent leur atelier en montant des murs. Plus tard le temple fut fermé, les plaques de plomb du toit s’effondrèrent. Il fut restauré à partir de 2004, quand on eu retrouvé les clés, à son ouverture on y trouva un figuier en train de pousser et un état très délabré. Toutefois, l’icône et l’autel ont disparus depuis longtemps.

Piazza Costaguti

Sur cette place se trouve l’homonyme Palais Costaguti du XVIe siècle, construit pour Costanzo Patrizi, trésorier de Paul III, en démolissant l’église San Leonardo de Albis. Il fut vendu en 1578 aux frères Costaguti, famille de banquiers d’origine ligure, qui firent rénover le palais au XVIIe siècle sur un projet de Carlo Lombardi. La façade sur la piazza Mattei est attribuée à Ascanio De Rossi et celle sur la piazza Costaguti à Antonio De Battisti. La façade la plus ancienne du palais se trouvait via della Reginella, avec l’entrée principale qui a un beau portail désormais fermé. Sur la Piazza Costaguti, il y a un beau portail cintré avec bossage, et de jolies fenêtres au premier surmontées d’un tympan avec des festons. La corniche au dessus du deuxième précède la surélévation du XIXe siècle avec ses balcons.
A l’étage noble, les salles sont décorées de riches peintures, dont Eunomia, Diké et Eirénè de Giovanni Lanfranco, Énée en armes du Cavalier d’Arpino, Le Centaure Nessos qui enlève Dejanire de Francesco Albani, Armida enlevant Rinaldo du Guercin, ou Le temps qui découvre la Vérité et Le char du Soleil du Dominiquin.

Sur la place, la grande façade du 10 au 14 est celle du Palais Boccapaduli. La structure d’origine est du XVe siècle, il fut rénové au XVIIIe siècle par les Boccamazza avec une nouvelle façade.

Via in Publicolis

La rue a pris le nom de l’église Santa Maria in Publicolis, connue au XIIe siècle comme Santa Maria de Publico peut-être en raison de la présence de l’antique Porticus Minucia Frumentaria où le blé était distribué gratuitement au peuple. Elle fut reconstruite au XVe puis au XVIIe siècle par De Rossi sur la volonté du cardinal Marcello Santacroce. Elle a alors été nommée en référence au consul romain Publius Valerius Publicola, qui serait l’hypothétique ancêtre des Santacroce.
L’église compte trois ordres. Le portail est encadré par deux colonnes, surmonté d’une fresque. Des pilastres encadrent les deux niches latérales. Un vitrail est au dernier niveau. L’intérieur a une seule nef et conserve de nombreuses pierres tombales et monuments funéraires de la famille Santacroce.

Présents dans le quartier depuis le XIIe siècle, les Santacroce étaient réputés belliqueux, souvent impliqués dans les guerres baronniales et des violences, au point que Sixte IV les chassa de Rome à la fin du XVe siècle et fit abattre leurs maisons. Ils purent revenir à Rome avec Innocent VIII, et construisirent alors leur palais sur les maisons détruites. Des membres de la famille remplirent souvent des rôles importants à Rome, comme sénateurs et cardinaux, dont Prospero Santacroce qui aurait introduit le tabac à Rome, appelé alors « erba Santacroce ».

A l’angle avec la via Santa Maria del Pianto se dresse la tour d’angle du beau Palais des Santacroce du début XVIe siècle, dont le premier niveau est couvert d’un bossage en diamant en travertin. Le palais fut surélevé au XVIIe siècle.

Parcours du ghetto