Dans cette zone de Rome se trouvaient depuis le IIIe siècle avant notre ère le Cirque Flaminius, plusieurs temples dont celui d’Apollon Sosianus (voir la page dédiée) qui remonte au Ve siècle av. J.-C., puis le Théâtre de Marcellus en pierres (voir la page dédiée)., ou encore le Portique d’Octavie (voir la page dédiée) qui remplaça au tournant du premier millénaire un portique plus ancien.
Ce petit parcours rejoint par la via della Tribuna di Campitelli le Portique d’Octavie sur lequel fut aménagée l’église San Angelo della Pescheria et un oratoire juste à droite. Ensuite, on découvre la zone archéologique en empruntant une ancienne rue romaine, passant devant l’extérieur du théâtre et par les temples comme celui d’Apollon Sosianus qui est dominé par l’édifice médiéval de l’Albergo della Catena. On rejoint ensuite la Grande Synagogue et la place dite Piazza di Monte Savello sur les côtés et à l’arrière du théâtre, où l’on voit le Palais Savelli, l’église San Gregorio, puis les vestiges du Ghettarello.

Via della Tribuna di Campitelli

via-della-tribuna-di-campitelli_2005La Via della Tribuna di Campitelli prend son nom de la présence de l’abside de l’église Santa Maria in Campitelli. Cette ruelle conserve deux bâtiments médiévaux intéressants, dont une maison avec un beau porche en briques, fait de 9 colonnes antiques, avec 5 chapiteaux ioniques et 4 chapiteaux doriques, qui sont probablement issues de l’ancien Temple de Junon Regina. Ce temple inauguré en 179 av. J.-C. par le censeur Marco Emilio Lepido se dressait sur un podium avec 6 colonnes de front. Il conservait des œuvres comme les statues d’Esculape et de Diane. Il fut reconstruit à l’époque des Sévère. Dans les caves et les cours des maisons, il en reste des vestiges, comme des portions du podium, du pronaos, de la cella, et deux colonnes avec des chapiteaux composites.
Cette maison a aussi deux beaux portails, dont un du XVe siècle avec son bossage et l’autre du XVIIe.
La maison d’en face est au autre édifice médiéval. L’entrée au 9a correspondrait à la tour Torre Stroncaria du moyen-âge qui était propriété des Vallati. On remarque au 2e étage la petite fenêtre d’époque murée encadrée d’éléments antiques.

Portique d’Octavie

portico-d-ottavia-roma_4069Il reste une belle portion d’une entrée de l’antique Portique d’Octavie, construit par Auguste à la fin du Ier siècle avant notre ère, qui était formé d’une double colonnade qui entourait un sanctuaire avec les temples de Junon Regina et de Jupiter Stator.
A partir du moyen-âge s’y était installé un marché aux poissons.
→ Lire la page sur le Portique d’Octavie

Sant’Angelo della Pescheria

Incorporée au portique d’Octavie, l’église Sant’Angelo della Pescheria fut édifiée par Théodote en 780 – comme le révèle une inscription -, oncle du pape Adrien Ier, dédiée à Saint Paul jusqu’au XIIe siècle, et complétée par « in foro piscium » ou « in piscibus » en référence au marché de poisson qui était installé sous le portique.
Elle fut restaurée à plusieurs reprises entre le XVIe et le XIXe siècle. Jusqu’au XVIIIe siècle. C’était une des églises où les juifs étaient contraints d’assister à la prédication, le samedi par les pères jésuites.
L’intérieur avec trois nefs est divisé par de gros piliers soutenant des arcades ornées de pilastres. Dans le mur de gauche est conservé une pierre tombale du VIIIe siècle avec un catalogue de reliques. Le clocher date du XIIIe siècle et garde une cloche donnée en 1291 par Rodolfo Savelli.

Juste à gauche de l’église et adossée au portique, une maison médiévale est appelée Torre Soricara ou Torre dei Grassi, les Grassi l’ayant achetée aux Orsini en 1369, avant que la famille de marchands de poissons Particappa l’ont achetée. Sur la porte sont encastrés des fragments d’architraves romains. Elle est surmontée par une arche en brique, élément typique des constructions des XIIe et XIIIe siècles.
A l’arrière de la maison, dans la ruelle, se voit un arc peut-être ajouté au XVe siècle qui devait soutenir un escalier menant directement à l’étage.

Oratoire des poissonniers

L’Oratoire des Poissonniers, à droite de l’église et du Portique d’Octavie, fut construit en 1689 pour l’Université des Poissonniers unie à la Confraternité de l’église voisine.
Sa jolie façade présente notamment au dessus du petit portail avec architrave un relief en stuc de Saint André, le protecteur des pêcheurs.

Théâtre de Marcellus

Teatro di Marcello

Teatro di Marcello

Le Théâtre de Marcellus est le seul théâtre en pierre de Rome dont des vestiges importants ont subsisté. C’est notamment grâce à sa réutilisation pour construire une fortification palais au moyen-âge, la Palais Savelli, qu’une bonne partie du bâtiment nous est parvenue.
Autrefois ses arcades étaient occupées de maisons et de commerces, jusqu’au début du XXe siècle quand il fut mis en valeur.
Outre des représentations théâtrales, s’y déroulaient aussi des concours de musique ou de poésie.
→ Lire la page concernant le Théâtre de Marcellus

Temple d’Apollon Sosianus et édifices voisins

portico-d-ottavia-tempio-di-apollo-sosiano_0469Le Temple d’Apollon Sosianus, désigné aussi comme temple d’Apollon Circus, était un très ancien temple qui existait ici depuis le Ve siècle avant notre ère. Les vestiges avec les trois belles colonnes cannelées que l’on admire aujourd’hui datent de l’époque d’Auguste.
A côté se trouvait un petit bâtiment rond avec une colonnade, mais surtout le Temple de Bellone construit à la fin du IIIe siècle avant notre ère mais dont peu de vestiges ont subsisté. Se trouvait près de l’entrée la colonne « columna bellica », site d’un rite lors des déclarations de guerre.
Un long Portique Triomphal passait aussi derrière les temples, dont des restes sont visibles.
→ Lire la page consacrée au Temple d’Apollon Sosianus

Albergo della Catena

Derrière le Temple d’Apollon se voit un édifice construit au XIIIe siècle pour être une auberge, appelé « Albergo della Catena » (Hôtel de la chaîne littéralement), situé dans la disparue via della Catena della Pescheria qui était barrée d’une chaîne. Les chaines barrant les rues servaient à délimiter la propriété, éviter le passage de chariots, ou bien indiquer l’absence du propriétaire du palais.
Cette rue, comme d’autres places, disparut entre 1926 et 1933 lors des fouilles et de la récupération du Théâtre de Marcellus, et l’hôtel se trouve désormais isolé.
L’édifice compte trois éléments, dont un construit sur les restes d’une tour médiévale, une partie centrale, et une troisième avec deux arcs en brique. La colonne à l’angle appartenait au Temple d’Apollon et sur le côté de l’édifice se remarque un charmant petit balcon posé sur du marbre.

Synagogue et Musée juif

La Grande Synagogue de Rome fut construite au début du XXe siècle et héberge au sous-sol le Musée Juif.
→ Lire la page concernant la synagogue de Rome

Piazza di Monte Savello

Le nom de Monte Savello dériverait du mont engendré par les ruines du Théâtre de Marcellus et de la forteresse des Savelli qui s’appuyait dessus. Autour de celle-ci se voit le Palais Savelli qui s’appuie sur les vestiges du théâtre, l’espace de fouilles archéologiques correspondant au Ghettarello correspondant à une extension du ghetto principal, et l’église San Gregorio della Divinità.

Palais des Savelli

La forteresse, érigée par les Faffi aux XIIIe siècle, puis propriété des Pierleoni, passa en 1361 aux Savelli qui abattirent une grande partie pour ériger un palais à partir de 1519, confiant les travaux à Baldassarre Peruzzi. Une partie de ce palais engloba l’ancien théâtre, dont l’ancienne cavea fut occupée par un jardin.
Au cours du XVIe siècle, le cardinal Giulio Savelli y rassembla une riche collection de sculptures antiques et un cénacle littéraire. En 1712 les Sforza Cesarini héritèrent du palais et le vendirent à la Congrégation des Barons, puis Domenico Orsini l’acheta en 1729. Les Orsini l’embellirent et l’agrandirent, avec les trois édifices disposés autour d’une cour carrée et son jardin, à laquelle on accède par un passage encadré par deux piliers surmontés d’ours, les symboles héraldiques des Orsini. Le premier édifice hébergeait les domestiques. Le deuxième a un porche de trois arcades et dispose d’une terrasse, contigu à la partie circulaire avec deux étages qui est portée par le théâtre. Le troisième bâtiment en forme de U compte six niveaux.
Le palais passa au XIXe siècle aux Caetani de Sermoneta, qui le remanièrent en partie.

San Gregorio della Divinita Pietà

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San Gregorio della Divina Pietà

La petite église en bordure de la place est San Gregorio della Divina Pietà, qui aurait été fondée selon la tradition sur une maison de la famille Anicia où serait né Grégoire le Grand au IVe siècle.
Elle est connue depuis le XIIe siècle, reconstruite en grande partie en 1729 par Filippo Barigioni et restaurée au XIXe siècle.
Benoit XIII la céda à la Congrégation des Operai della Divina Pietà (Ouvriers de la Divine Piété), qui récupérait des dons pour assister les familles autrefois aisées devenues nécessiteuses. On remarque d’ailleurs à ce propos deux fentes pour les aumônes avec des inscriptions.
La façade a été décorée au XVIIIe d’un tableau ovale représentant la Crucifixion avec Saint-Grégoire agenouillé.
L’intérieur avec une seule nef a une voûte couverture de fresques. Le maître-autel a une peinture du XVIIe siècle de la Madonna della Divina Providenza de Gilles Hallet.
Sur l’esplanade en face de l’église se tenaient les sermons obligatoires imposés aux juifs pour tenter de les convertir, comme devant Sant’Angelo della Pescheria et le Tempietto del Carmelo.
Une plaque bilingue (hébreu/latin) en façade témoigne de cette intolérance au dessus du portail, datant de 1858 (remplaçant une inscription peinte de 1729), se référant au prophète Isaïe, disant : «  Tous les jours j’ai tendu les mains à peuple incroyant, qui avance sur un mauvais chemin, en suivant ses propres idées. Un peuple qui suscite toujours en moi la colère, devant même mon propre visage. »

Ghettarello

Devant le palais, s’étend un espace de vestiges archéologiques, où les fouilles furent abandonnées. Il correspond au deuxième ghetto de Rome, près du ghetto principal, qui était appelé Ghettarello, où vivaient aussi bien des catholiques que des Juifs.
Il y avait des entrepôts de farine ou de vin, étables et fours, ainsi qu’une sixième Scòla (en plus des cinq de la piazza delle Cinque Scòle), et la porte appelée Porta Leone d’accès au ghetto.
Au centre du Ghettarello se trouvait une grande cour carrée à laquelle on accédait par une ruelle étroite.
En 1735, ce ghetto fut probablement abandonné par les juifs, qui le fréquentaient depuis près de 150 ans.
On peut voir parmi les vestiges les restes d’une colonne de l’époque romaine et les abreuvoirs des écuries, un tronçon de la rue de la via di Porta Leone avec des sanpietrini (les typiques pavés romains) et un autel romain.

Parcours du ghetto