La via del Governo Vecchio est une rue caractéristique du centre historique qui relie la piazza dell’Orologio à la piazza di Pasquino proche de la place Navone, intéressante pour ses maisons des XVe et XVIe siècles, ainsi que pour ses commerces et ses artisans. Elle traverse une partie des deux quartiers historiques de Parione et Ponte, séparés par la via Corallo.
Elle a été nommée ainsi après 1755 quand le siège du Gouvernorat de Rome fut transféré depuis le palais Nardini au palais Madama. Elle était auparavant appelée via Parionis, et même via Papalis car le cortège pontifical la parcourut à certaines époques quand le nouveau Pape élu ralliait Saint-Pierre depuis Saint-Jean du Latran en tant qu’évêque de Rome, pour endosser la tiare du nouveau Pape.
Petite visite de la rue, en partant depuis la Piazza del Pasquino, suivi d’un petit détour par la via dei Leutari.

Le Pasquino et la place

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Statue du Pasquino

La Place de Pasquino était auparavant appelée place de Parione et même place des librairies quand s’y trouvaient libraires et qu’elle était fréquentée d’écrivains. Son nom actuel est hérité de la plus célèbre des six statues parlantes de Rome, le Pasquino, adossé à un angle du palais Braschi. C’est une partie d’un groupe en marbre probablement du Ier siècle de notre ère et issu du proche stade de Domitien, copie romaine d’un groupe hellénique, qui figurait probablement Ménélas soutenant Patrocle mourant. Le nom de la statue elle-même serait issu qu’un artisan présent à côté. C’est en 1501 lors de travaux pour paver la place que la statue fut trouvée, placée alors par le cardinal Oliviero Carafa sur un piédestal contre le palais Braschi qu’il avait récemment acheté aux Orsini.

C’est peut-être la première des statues parlantes de Rome, où les romains venaient accrocher des messages satyriques devenus politiques, adressés aux papes et aux personnages publics, mettant en particulier en lumière leurs travers. Ces statues servaient ainsi de porte-paroles du peuple. Généralement tolérés par les autorités, ces « pasquinates » furent sous certains papes punies sévèrement, jusqu’à la menace de la peine capitale. Les autres statues parlantes de cette « congrégation des esprits » étaient le Marforio, la Madama Lucrezia, l’Abbé Luigi, le Facchino et le Babuino. Certains de ces messages satiriques particulièrement forts nous sont parvenus, adressés par exemple à Pie IX, à la favorite du pape Donna Olimpia, ou même à Hitler ou Gorbatchev (source).

Dans l’église de la Nativité de Jésus, construite au XVIIe siècle et rénovée au XIXe siècle, se tient une messe de rite congolais le dimanche, étant l’église des congolais de Rome.
La plaque du numéro 71 rappelle la reconstruction de l’immeuble par son propriétaire Giovanni Antonio Alessandri en 1540.

Via dei Leutari

Le toponyme de la rue est peut-être lié à l’ancienne présence de luthiers Aux 21 et 23, la Casa Peretti Ricci rassembla deux maisons du XVIe siècle, par le cardinal Peretti Montalto qui l’a joint à celle de gauche. Son oncle (le futur pape Sixte V) l’ayant offert à sa sœur Camille. Celle-ci y vécut avec son fils Francesco et sa femme Vittoria Accoramboni. Au 23, se voit un blason des Peretti, avec un lion dans une couronne de poires.

Stendhal, dans une des ses « chroniques italiennes » raconte une tragédie liée à cette famille, peut-être romancée. Francesco Peretti fut un jour assassiné, probablement à l’instigation du prince Paolo Giordano Orsini, duc de Bracciano, qui était amoureux de la femme de Francesco Victoria. Le frère de Victoria, Marcello, aurait été complice pour attirer Peretti dans un guet-apens où il reçu un coup d’arquebuse et fut achevé au couteau. Malgré les soupçons de la justice du Pape Grégoire XIII, Victoria alla vivre chez Paolo Orsini. Quand en 1585 Sixte V, l’oncle de feu Francesco, devint Pape, les deux s’enfuirent à Padoue. Paolo Giordano serait décédé quelques temps plus tard d’une infection à cause d’une vieille blessure, mais son frère Ludovico Orsini fut persuadé que Victoria l’avait assassiné et envoya des tueurs l’assassiner à son tour.

Sous les fondations de deux maisons de la rue, fut retrouvé la statue colossale de Pompée qui se trouvait à l’origine à la Curie de Pompée. Les propriétaires se disputèrent la statue qui allait être décapitée pour satisfaire chacun sur décision des juges, mais Jules III intervint l’acheta et l’offrit au cardinal Capodiferro qui l’avait alerté de cette affaire. Celui-ci l’installa dans le Palais Spada où elle se trouve encore..

Via del Governo Vecchio

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Via del Governo Vecchio

En s’engageant dans la rue depuis la place de Pasquino, on remarque sur la gauche au 84 un palais qui a appartenu aux Peretti, comme en témoigne les trois monts emblèmes de la famille dans la lunette en fer forgé au dessus du portail.
Un peu plus loin de l’autre côté une colonne lisse avec un chapiteau ionique, probablement issue d’un ancien portique, est encastrée dans la façade d’un immeuble du XVe siècle. La jolie corniche de celui-ci est décorée de lys et de têtes de lions.
Au numéro 66 se trouve la « plus petite maison de Rome » avec un seul étage et une fenêtre, qui communique aujourd’hui avec l’immeuble voisin.
Toujours du côté droit au 62, le Palais Mignanelli Fonseca qui appartenait aux Mignanelli, famille originaire de Sienne, fut vendu au XVIIe siècle au médecin du pape Innocent X, le portugais Gabriele Fonseca. Celui-ci engagea Orazio Torriani pour le rénover et plus tard le vendit à Rosa Venerini, religieuse de Viterbe qui y installa le siège de la congrégation des Pieuses Maîtresses Venerini qu’elle avait fondée.
Au 104, la maison Bartolomeo de’ Dossi du XVIe siècle est peu ordinaire, ornée de 19 médaillons avec des portraits de juristes, où les entablement des fenêtres sont décorés de masques. Son propriétaire l’avocat curial Bartolomeo de’ Dossi se fit représenter avec son secrétaire dans une peinture située dans le cadre d’une fenêtre du troisième étage. La porte est surmontée d’un oculus entouré de festons et l’architrave porte une plaque de l’Archiconfrérie des Stigmates Sacrés.
Le palais Sassi Fornari au numéro 47 fut construit au XVe siècle par la famille Sassi, dont il reste le blason au dessus du portail avec la tête de lion au dessus de bandes. Le cadre de la porte est gravé des inscriptions DOM (pour domicile) et SAX (pour Sassi).
La maison restaurée au numéro 118 remonte au XVe siècle.
L’imposant Palais Nardini au 39 est le palais du Governo Vecchio (Ancien Gouvernement en français), construit en 1479 par le gouverneur de Rome Stefano Nardini pour en faire sa résidence.
Il disposait à l’origine de plusieurs tours et de trois cours intérieures, mais fut remanié plus tard. Le beau portail est d’origine et porte le blason des Nardini. En partie abandonné depuis plusieurs décennies, la région du Latium le vendit à une société privée pour créer un établissement de luxe en 2017. Cette décision fut annulée pour des raisons de sauvegarde de patrimoine, mais confirmée en 2020 par un recours devant le Conseil d’État. Une plaque rappelle la donation du palais par Nardini en 1475 à l’Hôpital du Saint-Sauveur du Latran pour devenir le siège de l’Académie des Arts. En 1624 il est cédé à la Chambre Apostolique car le pape Urbain VIII y installa le siège du Gouvernorat de Rome. En 1755 Benoît XIV déplaça le gouvernement au Palais Madama et le palais pris son actuelle dénomination.

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Palais Turci

Le joli Palais Turci situé en face et longé par deux ruelles est une maison du début XVIe siècle construite par Giovanni Pietro Turci, secrétaire du Pape Léon X Médicis, en rénovant une tour médiévale. Sur la façade rénovée au XVIIe siècle figure le blason des Turci. Il est aussi appelé « petite Chancellerie » en raison de ses motifs similaires à ceux du Palais de la Chancellerie.

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Madonna Vallicelliana

Sur l’étroit mur de l’immeuble triangulaire à l’angle avec la via della Chiesa Nuova, un ovale décoré de stucs a une peinture du XVIIe siècle inspirée de la Madonna Vallicelliana de Rubens, avec l’Enfant sur les genoux et les saints Filippo Neri et Carlo Borromeo. La plaque au dessus rappelle que Clément X fit paver la rue en 1675.

Dans le Rione Ponte, au 18, da Tonino est une trattoria historique, simple et populaire.
Le Palais Avila du 14 se remarque avec son bossage de pierres. Les Avila furent des marchands espagnols présents à Rome depuis le XVIe siècle. Une plaque rappelle qu’ici est né l’écrivain italien Pietro Cossa le 25 janvier 1830.
A l’angle de la Piazza dell’Orologio, le palais Corcos Boncompagni fut construit à la fin du XVIe siècle pour la famille Corcos qui étaient des marchands juifs. Au XVIIIe siècle s’y installa l’Académie des Inféconds qui était portée sur l’exaltation de la poésie. Chaque étage a un propre style original de fenêtres, avec des masques dans les tympans du premier étage, des têtes féminines au dernier étage.
Le beau portail est encadré de colonnes soutenant un balcon, avec une coquille centrale et des bustes de dragons sur les chapiteaux, emblème des Boncompagni qui se retrouvent aussi sur la corniche.

Carte et adresse

Adresse : Via del Governo Vecchio, 00186 Roma RM
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Informations

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