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Carte du Borgo en 1779

Le Borgo est un des Rioni historiques de Rome, sur la rive droite du Tibre, qui s’étend du château Saint-Ange à la place Saint-Pierre et au Vatican vers l’ouest, jusqu’aux pentes du Janicule au sud en voisinant le quartier du Trastevere, et le quartier plus récent de Prati au nord.
Le quartier se développa près de la basilique Saint-Pierre pendant des siècles, où il prit corps à partir du IXe siècle entre les murs de la Cité Léonine. Il se structura avec les Scholae « nationales », construites par des associations de pèlerins d’origine commune, avec leur hospice pour les accueillir et leur église.
Le terme de « borgo » (bourg en français) vient de cette époque, le quartier étant d’ailleurs aussi désigné comme les Borghi (pluriel de borgo en italien), ce dont a hérité la dénomination actuelle des rues, désignées comme « borgo » au lieu de « via », à l’exception de la via della Conciliazione. Cette dernière avenue majestueuse menant à la Place Saint-Pierre
D’importants travaux transfigurèrent le Borgo au cours de la première moitié du XXe siècle, ouvrant la grande avenue précédemment citée, mais le quartier garde toutefois sa grandeur historique avec Saint-Pierre et les palais du Vatican.

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Antiquité du Borgo

Cette région de l’autre côté du Tibre par rapport à l’Urbs de Rome, et plus au nord, était sous les romains appelée Ager Vaticanus, qui fut une partie de la Regio XIV Transtiberim.
L’origine du nom Vaticanus n’est pas claire. Il pourrait dériver de la déesse Vatika d’origine étrusque (ou Vagita) qui serait celle intervenant auprès des nouveaux nés pour leurs vagissements, leurs premiers pleurs. Une autre hypothèse le relierait à « vates” qui signifie “devin », peut-être comme lieu de divination avec peut-être un Temple dédié au Dieu des prophéties. Encore une autre hypothèse le relie au culte de Cybèle avec des rites particuliers appelés « ex vaticinatione archigalli ».

A l’extérieur de la ville, marécageux, et sous l’influence de la ville étrusque de Véies, cette zone était délaissée, probablement avec des pâturages.  Elle accueillit d’abord des tombes et des sépultures, certaines monumentales, comme la soi-disant Tombe de Néron, ronde surmontée d’une tour, et celle de Meta Romuli, une pyramide semblable à celle de Caius Cestius, démolie en 1499.
L’aménagement du terrain commença avec le début de la période impériale, où deux grandes villas avec jardins furent aménagés, d’abord comme les Horti Agrippinae entre les pentes du Janicule et celles du Vatican, par Agrippine l’épouse de Germanicus, puis les Horti Domitiae du côté du mausolée d’Hadrien, par Domitie l’épouse de Domitien.
Deux routes partaient de la zone : la via Cornelia qui rejoignait la via Aurelia à l’ouest, et la via Triumphalis qui rejoignait au nord la via Cassia, qui était parcourue pour entrer à Rome par les empereurs victorieux.
Sous Domitien et Trajan un cirque fut construit pour les naumachies, les représentations navales, dont des vestiges furent trouvés au nord-ouest du château Saint-Ange.
Hadrien, successeur de Trajan, édifia son grand mausolée près du Tibre, qui est devenu le noyau du château Saint-Ange. Il le relia à la ville par le pont Aelius, devenu le pont Saint-Ange.
Près de la Basilique de Saint-Pierre, fut construit le Cirque de Caligula, et terminé sous Néron, où se déroulaient des courses de chevaux et des chars. L’actuel obélisque au centre de la place Saint-Pierre se trouvait sur la spina du cirque. Il était relié à Rome par un portique. Néron remplaça le pont en bois de la via Triumphalis par un ouvrage en pierre, dont les restes se voient lorsque le Tibre est asséché près de l’actuel Pont Victor-Emmanuel II.

Martyre de Saint-Pierre et basilique

Le martyre de Pierre s’est tenu au pied de la colline du Vatican en l’an 67 de notre ère, probablement dans le cirque, pendant la première persécution des chrétiens, et il fut enseveli à proximité. Le lieu est ainsi devenu une importante destination de pèlerinage, le long de la via Cornelia.
Cette tombe fut intégrée dans l’abside de la gigantesque basilique construite par Constantin en 324, orientée suivant l’axe de la rue. L’église subsista jusqu’au XVIe siècle, lorsque sa reconstruction fut entamée pour la remplacer par la nouvelle basilique Saint-Pierre.

Le Borgo au Moyen-âge

C’est pendant le haut Moyen Âge que le Mausolée d’Hadrien fut transformé en forteresse pour devenir le château Saint-Ange.

Le quartier subit plusieurs pillages et incendies au cours des VIIIe et IXe siècles, et peu après le sac de Rome par les sarrasins en l’an 846, Léon IV entreprit la construction de l’enceinte qui fut appelée Mur Léonin, pour protéger la tombe de Pierre et ses serviteurs, entre 848 et 852. Cette enceinte, unique extension aux murs d’Aurélien, engendra naturellement la Cité Léonine, qui s’étendait jusqu’au Tibre avec le Château Saint-Ange. Cette ville évolua alors séparément de l’Urbs, Rome, avec ses propres magistrats et gouverneurs.
Les murs léonins d’origine, qui intégrèrent une partie de murs construits par Totila, se voient encore avec le Passetto reliant le Château Saint-Ange au Vatican, ce dernier ayant servit plusieurs fois au Pape pour se réfugier au château lors de menaces.

Avec le développement du christianisme, et malgré les fréquentes guerres et invasions, l’activité religieuse foisonnât dans le quartier avec un flux constant de pèlerins. Les pèlerins d’origine semblable s’organisèrent en association appelées Scholae, dont le rôle était d’assister les compatriotes venus à Rome, chacune avec un hospice et une église. Les plus importantes étaient celles des Francs, la Schola Francorum avec l’église de Saint Sauveur de Terrion (désormais San Pietro in Borgo au Vatican), la Schola Saxonum des Grand-bretons avec Santo Spirito in Sassia, la Schola Longobardorum des lombards avec l’église San Giustino, et la Schola Frisorum des Frisons (vers les Pays-Bas actuels).
La Schola Saxonum construite au VIIIe siècle par le roi des Saxons évolua avec le temps pour devenir l’Hôpital Santo Spirito, fondé en 1198, qui est un des plus anciens de Rome.
Ces Scholae devinrent de véritables petits villages, au point que les pèlerins les désignèrent en tant que « burg » (bourg en français). C’est l’origine du nom du quartier, « Borgo », version italianisée de « burg ». Il fut d’ailleurs aussi désigné « i Borghi » (les bourgs en français), et les rues actuelles ne sont pas appelées « via » comme habituellement en Italie, mais « borgo ».

Le Borgo n’était pas très peuplé au moyen-âge, avec des habitats épars, des églises, beaucoup de jardins, ainsi que des briqueteries qui utilisaient l’argile des collines.
Il existait encore le grand portique qui traversait le bourg des Saxons, que les pèlerins venus du nord empruntaient après avoir emprunté le Pont Saint-Ange et traversé la porte de l’enceinte.
En 1300 sous Boniface VIII, la Cité léonine a accueilli pour le premier jubilé un nombre important de pèlerins, comme en a témoigné notamment la Divine Comédie de Dante.
Quand la papauté fut forcée à déménager à Avignon, la quartier déclina, à l’instar de la ville de Rome.
C’est à cette époque que le portique s’effondra et fut aménagée à place la rue dite Borgo Vecchio.

De la Renaissance au XVIIe siècle

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San Giacomo et Piazza Scossacavalli (Giuseppe Vasi, 1756)

Avec la fin du schisme d’Occident et le début de la Renaissance, le quartier entama une nouvelle période de développement avec beaucoup de projets architecturaux, les papes à leur retour d’Avignon ayant préféré s’installer au Vatican plutôt que dans leur ancien Palais du Latran qui tombait à l’abandon.
Début du XVIe siècle, de magnifiques palais furent construits par les nobles romains, comme le Palais Branconio dell’Aquila (abattu au XVIIe), conçu par Raffaello Sanzio, le Palais Caprini par Donato Bramante, le Palais Castellesi ou le Palais des Pénitenciers. Certains s’affichaient sur la petite place Piazza del Cardinale di San Clemente, appelée plus tard Piazza Scossacavalli, qui se trouvait au centre du Borgo.
Devenu un quartier de résidence de la noblesse, la ville léonine était connue aussi à l’époque pour les stufe, des bains-saunas d’origine germanique.
Pour le Jubilé de 1500, le pape Alexandre VI Borgia fit ouvrir, en détruisant des édifices, la Via Alexandrina ou via Recta, plus tard appelée Borgo Nuovo.
Entre les deux rues des Borgo Nuovo et Borgo Vecchio, un pâté de maisons de forme allongée et étroite fut appelée la Spina, terme désignant la ligne médiane d’un cirque romain. Au cours des siècles qui suivirent, beaucoup de projets d’urbanisme envisagèrent sa destruction (qui s’est finalement réalisée au XXe siècle).
Cette époque, avec notamment les papes Médicis Léon X (1513-1521) et Clément VII (1523-1534) fut l’âge d’or du Borgo. Y vivaient près de 5.000 personnes, surtout des hommes, dont des cardinaux, quelques artistes, mais aussi des courtisanes.
Cependant, le 6 mai 1527, les soldats de Charles Quint pillèrent la ville léonine puis mirent Rome à sac, Clément VII se réfugiant à Saint-Ange grâce au Passetto. Plus tard, Paul III renforça les murs et en 1565 Pie IV créa trois nouvelles rues au nord du Passetto : Borgo Pio, Borgo Vittorio, et Borgo Angelico, avec de nouveaux murs et la Porta Angelica pour protéger cette nouvelle zone appelée Civitas Pia.

Le 9 décembre 1586, Sixte V intégra le quartier à Rome en instituant le rione Borgo, soit le XIVe des rioni. Il légua aussi ses armoiries à l’emblème du quartier, le lion accroupi devant trois monts et l’étoile. Cette même année 1586 Carlo Fontana avait dressé l’obélisque sur la place Saint-Pierre.

Au XVIIe siècle, des fontaines fut construites après la restauration de l’aqueduc romain de l’Aqua Traiana par le pape Paul V, dont celle qui se situait Piazza Scossacaveli, désormais placée devant Sant’Andrea della Valle.
La colonnade de la place Saint-Pierre, conçue par le Bernin, fut achevée en 1665, et le pape Alexandre VII fit démolir des maisons pour ouvrir en face la place Rusticucci.

XVIIIe siècle et Risorgimento

Au cours du XVIIIe siècle, la bourgeoisie délaissa le quartier pour s’installer dans la zone du Champ de Mars. Il est devenu plus populaire, avec beaucoup d’artisans, des employés du Vatican, et bien sur des hommes d’église, ainsi que des tavernes, vendeurs d’articles religieux, et des petites fonderies. Il y avait aussi une importante fonderie qui fabriqua des cloches pendant 450 ans jusqu’en 1995.
La procession du Corpus Domini, à la Fête-Dieu, qui était conduite par le Pape, était le grand événement annuel du quartier.

Avec le Risorgimento et l’unification italienne, le 11 octobre 1870, l’ensemble de la ville, dont le Vatican, fut par décret royal intégré au Royaume d’Italie.
Les murs du côté nord furent démolis, dont la Porta Angelica, afin de faciliter le trafic avec le récent quartier Prati.

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Saint-Pierre et la Spina du Borgo au début du XXe siècle

Au début du XXe siècle fut construit le pont Vittorio Emanuele II près des vestiges du pont de Néron, dans le prolongement de la nouvelle artère du Corso Vittorio Emanuele de l’autre côté du Tibre.
A cette période, il existait une volonté générale de transformer Rome d’ancienne capitale des États pontificaux en une nouvelle capitale italienne, suite au Risorgimento. Le ville connut alors des bouleversements architecturaux, avec la destruction d’anciens quartiers, mais le Borgo échappa dans un premier temps à ces projets.
En 1929, les Accords du Latran accordèrent le statu d’état souverain à la zone de la Cité du Vatican, sans y inclure le reste du Borgo, les frontières de la cité vaticane furent établies, et un mur dressé par endroits.

Les transformations du XXe siècle

Entre 1929 et 1950, le Borgo a connu d’importantes démolitions et aménagements pour ouvrir l’actuelle Via della Conciliazione, afin de créer une voie magistrale pour rejoindre Saint-Pierre. Disparurent la spina du Borgo avec les rues Borgo Vecchio, Borgo Nuovo et la place Scossacavalli.

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Démolition du premier bloc de la spina en 1937

Ce projet fut décidé par le régime fasciste afin de réaliser une œuvre majeure et symbolique, pour affirmer Rome comme capitale du Fascisme autant que celle du Catholicisme. C’est Benito Mussolini qui proposa le projet en 1932, approuvé par la papauté et Pie XI, et la démolition de la spina commença en 1936 où le Duce donna lui-même symboliquement le premier coup de pioche.
En 1937, la spina avait disparu et Saint-Pierre était alors visible depuis le château Saint-Ange. Plusieurs édifices historiques disparurent, comme le Palais Sauve, la place Rusticucci, le Palais des Prisons, etc.
Suspendus pendant la guerre, les travaux s’achevèrent en 1950 avec deux propylées construits face à la place saint-Pierre et de grands immeubles à l’autre bout de l’avenue, ainsi qu’une double rangée d’obélisques faisant office de lampadaires, le long de l’avenue, rapidement appelés « suppositoires » par les romains.
Quelques édifices au sud du passetto ont survécu car relativement alignés avec la nouvelle avenue : Santa Maria in Traspontina, le Palais Torlonia, et le Palais des Pénitenciers (ou Palais della Rovere). D’autres furent partiellement démolis et reconstruits avec des façades alignées, comme le Palais dei Convertendi (palais des convertis), les maisons de Febo Brigotti et Jacopo da Brescia, et d’autres disparurent comme les églises de San Giacomo située place Scossacavalli ou San Michele Arcangelo ai Corridori di Borgo.
Beaucoup des habitants furent relogés ailleurs, comme dans le quartier Garbatella, ou hors de Rome comme à Acilia.

Au delà des destructions, architecturales et sociales, certains témoins ont jugé ces travaux négatifs pour une autre raison qui peut surprendre. Car auparavant, en débouchant sur la place Saint-Pierre, le visiteur était saisis, surpris par l’immensité de la basilique et de la place, après avoir traversé les étroites et sombres ruelles du Borgo.

La zone au nord du Passetto garda longtemps un caractère populaire, alors qu’au sud, se trouvent surtout des bureaux du Vatican, outre le grand complexe de l’hôpital de Santo Spirito, l’auditorium, et toutefois le long de la via della Conciliazione les traditionnelles boutiques de souvenirs.
Avec le jubilé de l’an 2000 et le boom immobilier, beaucoup d’appartements sont devenus des résidences touristiques, et des artisans déménagèrent au profit de boutiques pour touristes ou de fast-foods.

Vues anciennes et artistiques

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Carte et adresse

Adresse : Borgo Sant'Angelo, 23, 00193 Roma RM, Italie
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Informations

Borgo
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