Murs d’Aurélien et portes de Rome

Murs d’Aurélien, Via di Porta San Sebastiano

Édifiés entre 270 et 273 apr. J.-C. sous l’empereur Aurélien, les Murs d’Aurélien furent construits pour protéger Rome des incursions barbares, des peuples germaniques et alains, à une époque où l’Empire romain traversait une crise politique et militaire majeure.

Aujourd’hui, environ 12,5 kilomètres en sont encore visibles, constituant l’un des ensembles d’architecture militaire les mieux conservés de la Rome antique.
Ils forment une sorte d’anneau autour du centre historique, que l’on peut apercevoir en de nombreux points de la ville, avec plusieurs belles portes souvent modifiées par la suite.
Des tronçons ont été restaurés et d’autres laissés dans leur état antique. 

A l’origine, l’enceinte mesurait près de 19 kilomètres de long, avec une hauteur moyenne de 8 mètres, doublée sous Honorius, et une épaisseur d’environ 3,5 mètres. Elle comptait 18 portes principales, construits en brique et béton romain, en suivant un tracé irrégulier pour englober les quartiers habités, englobant même des habitations et édifices dont on aperçoit parfois portes ou fenêtres intégrées aux murs. Le mur fut traversé par plusieurs voies consulaires, parmi lesquelles la Via Appia, la Via Latina et la Via Tiburtina, et.

Où voir les murs d’Aurélien à Rome

Murs quartier San Lorenzo

De nombreuses sections du mur sont encore visibles dans la ville moderne, souvent intégrées à la trame urbaine contemporaine. Les tronçons les mieux conservés se trouvent autour de la Via di Porta San Sebastiano (de laquelle part la Via Appia Antica), la Porta San Paolo, près de Piazza Fiume, de Porta Metronia, de la Porta Tiburtina, et de Piazza di Porta Maggiore.
Les portes monumentales de l’enceinte, véritables architectures militaires et urbaines, offrent un aperçu complet de son évolution. 
Pressé pour construire cette muraille sous Aurélien, beaucoup d’édifices furent incorporés de façon à gagner du temps.
On remarque très bien les anciennes fenêtres des maisons qui ont été bouchées.

Les portes les plus intéressantes :

Les fenêtre intégrées dans les murs (Quartier San Lorenzo)

• La Porta San Sebastiano : la mieux conservée, abritant aujourd’hui le Museo delle Mura, consacré à l’histoire des fortifications romaines, avec un accès à une portion de galerie à l’intérieur des murs et au chemin de ronde.
• La Porta Maggiore : intégrant l’aqueduc de Claude (Aqua Claudia), elle témoigne de la réutilisation d’ouvrages antérieurs dans la structure du mur.
• Porta San Paolo : proche de la Pyramide de Cestius, elle gardait la route d’Ostie et fut intégrée plus tard dans le bastion de la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs.
• Les Porta Pinciana, Porta Asinaria et Porta San Giovanni : remarquables pour leurs restaurations successives, notamment à l’époque d’Honorius et durant la Renaissance. 
• La Porta Tiburtina se trouve près de superbes portions de murailles délimitant le quartier San Lorenzo.

La construction des Murs d’Aurélien

Les murs de Rome

Jusqu’au IIIe siècle, la capitale de l’Empire n’avait jamais ressenti le besoin d’une défense, son éloignement des frontières et la puissance militaire romaine suffisant à garantir sa sécurité. Mais les troubles du IIIᵉ siècle, marqués par la crise militaire et économique, imposèrent la création d’une enceinte défensive, menée sous l’empereur Aurélien.

Jusqu’alors, la ville ne possédait qu’une enceinte républicaine, le Mur Servien, qui entourait les sept collines. Mais la capitale s’était largement étendue au-delà de ce périmètre, rendant nécessaire la création d’une nouvelle ligne défensive.

La muraille d’Aurélien fut élevée dans un contexte d’urgence et rapidement entre 270 et 273 de notre ère pour la plus grande partie. Ils furent terminés sous Probus (276–282), comme l’atteste une inscription découverte près de Porta Appia.
Pour accélérer les travaux, de nombreux bâtiments existants furent intégrés dans la structure : entre autres, l’amphithéâtre Castrense, la Pyramide de Cestius, une section de l’aquaduc de l’Acqua Claudia à Porta Maggiore, ainsi que plusieurs entrepôts et habitations privées. Les fenêtres de ces édifices furent murées, encore visibles sur plusieurs tronçons.
Elle fut construite principalement en opus latericium (brique et béton romain). 
Les 19 km de l’enceinte engloba alors près de 1 400 hectares, avec une hauteur moyenne de 8 mètres pour une épaisseur de près de 3,5 mètres.
Elle comptait 383 tours, 18 portes principales et 14 poternes. 

Sous Maxence (306-312), le mur fut consolidé, puis sous Honorius (début du Ve siècle), sa hauteur fut presque doublée pour atteindre environ 16 mètres, et ses tours furent rehaussées et crénelées. Le système défensif comportait alors deux niveaux : un niveau inférieur couvert, percé de fentes pour les archers, et un niveau supérieur ouvert, formant le chemin de ronde.
Le mausolée d’Hadrien (l’actuel Castel Sant’Angelo) fut inclus dans le système défensif lors des réaménagements de la rive droite du Tibre.

Durant les guerres gothiques (VIᵉ siècle), l’enceinte subit d’importants dommages, réparés sous les papes Léon IV et Nicolas V. À partir du Moyen Âge, elle perdit sa fonction militaire, mais resta une limite urbaine jusqu’au XIXᵉ siècle.

Les études archéologiques menées entre 1980 et 2015 par la Soprintendenza Archeologica di Roma et plusieurs équipes universitaires (La Sapienza, Accademia Nazionale di San Luca) ont permis de confirmer la stratification des phases constructives et d’identifier les parties en opus mixtum d’époque tardive.
Des analyses photogrammétriques récentes (ISPRS Archives, 2013 ; Springer, 2023) ont précisé la géométrie des tours et des voûtes, attestant d’une remarquable homogénéité technique malgré les ajouts successifs.

Foire aux questions (FAQ)

Quelle est la longueur des Murs d’Aurélien ? Combien de portes ? Et quelle hauteur ?

Leur tracé initial mesurait environ 19 km ; il en reste aujourd’hui près de 12,5 km visibles. Dix-huit portes principales, dont certaines restent visibles aujourd’hui. 
La hauteur était de environ 8 mètres sous Aurélien, portée à 16 mètres sous Honorius.

Quelle différence avec le Mur Servien ?

Le Mur Servien, plus ancien, fut bâti sous la République (IVe siècle av. J.-C.) et englobait seulement les sept collines. Les Murs d’Aurélien, beaucoup plus vastes, incluaient les faubourgs développés durant l’Empire.

Pourquoi certains bâtiments antiques sont-ils inclus dans le mur ?

Pour accélérer la construction et réduire les coûts, Aurélien fit incorporer plusieurs édifices existants : amphithéâtres, aqueducs, maisons privées.

Où voir les murs les mieux conservés ?

Les sections les plus intactes se trouvent près de la Porta San Sebastiano, de la Porta Maggiore et du quartier San Lorenzo.

Peut-on visiter les murs ?

Oui, le Museo delle Mura installé dans la Porta San Sebastiano propose une visite du chemin de ronde et des tours. L’accès est gratuit.

Le mur a-t-il résisté aux invasions ?

Le mur d’Aurélien joua un rôle déterminant dans la défense de Rome pendant plus d’un millénaire.
Il résista d’abord aux incursions des Alamans et des Juthunges à la fin du IIIᵉ siècle.
Lors du siège de 408-410, mené par Alaric Ier et les Wisigoths, les murailles résistèrent d’abord à plusieurs attaques, forçant les assiégeants à bloquer la ville. Cependant, en 410, une trahison interne permit aux troupes d’Alaric d’entrer par la Porta Salaria, entraînant le premier sac de Rome depuis les Gaulois de Brennus (390 av. J.-C.).
Un siècle plus tard, le mur subit de nouveaux assauts : en 537-538, lors du siège de Rome par les Ostrogoths de Vitigès, les fortifications résistèrent à plusieurs mois d’attaques. Les Byzantins, dirigés par Bélisaire, réussirent à maintenir la défense.
En 549-550, les Goths de Totila assiégèrent à nouveau Rome ; après un long blocus, ils pénétrèrent la ville en forçant la Porta Asinaria, affaiblie et peu défendue. 
Le mur continua d’être entretenu au fil des siècles, utilisées militairement jusqu’au XIXᵉ siècle, notamment lors des événements de 1870 où Rome fut prise par les troupes italiennes qui enfoncèrent la Porta Pia.

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Informations

Ressources et références académiques

• Hendrik W. Dey, The Aurelian Wall and the Refashioning of Imperial Rome, AD 271–855, Cambridge University Press, 2011.
• Antonio M. Colini, Le Mura Aureliane di Roma, L’Erma di Bretschneider, 1976.
• ISPRS Archives, “The Aurelian Walls of Rome: 3D Survey and Documentation”, Vol. XL-5/W2, 2013.
• Marta Dalla Vecchia, “Geometric and Structural Analysis of the Aurelian Walls Towers”, Nexus Network Journal, Springer, 2023.
• Richard Krautheimer, Rome: Profile of a City, 312–1308, Princeton University Press, 1980.
• Soprintendenza Archeologica di Roma, Relazioni e studi sulle mura Aureliane, Archivio Storico, Rome.
• Museo delle Mura – Comune di Roma Capitale